Victimes de la mode : Quels sont leurs nouveaux codes ?
Cette première partie du reportage Victimes de la mode met en avant la jeunesse et le rapport qu'elle entretient avec la mode. Martin Weill entre dans le monde des réseaux sociaux et perçoit très vite l’influence qu’ils peuvent avoir en rencontrant Maëlle, une jeune femme très impliquée dans l’ultra fast fashion.
Si vous êtes des utilisateurs de TikTok et que vous ne vous lassez pas des Hauls, vous la reconnaîtrez peut-être. Maëlle est addict à la mode, elle entretient son style… enfin ses styles, sans relâche, et elle aime partager cette passion avec ses followers. Martin Weill la retrouve durant un Haul Shein, le fameux site vendant des milliers de vêtements à des prix très attractifs. Il est considéré comme "emblème de l’ultra fast fashion” - la mode express aux méthodes controversées.
En effet, Shein défie toutes concurrences, cette entreprise copie les patrons et refait le vêtement avec une grande rapidité. Ce qui lui permet de proposer un maximum de produits au top de la tendance. Pourtant, l’achat de vêtements Shein a des répercussions jusqu’à l’autre bout du monde. Des montagnes de fringues jetées et empilées dans le fin fond de l’Asie, rien de mieux pour polluer l’environnement et mettre en danger les habitants.
Enfin tout ça Maëlle n’en est pas au courant, les grandes marques aiment omettre certains détails. Tout ce qu’elle sait, c’est qu’elle peut avoir des vêtements qui lui plaisent à bas prix. La composition quant à elle n’est pas importante, le confort prime. Mais comment lui en vouloir, on est tous pareil… Il serait peut-être temps d’accorder plus d’importance à ces détails.
Mais d’où vient cette nécessité d’être à la mode ?
Nous nous habillons plus par nécessité mais bien par plaisir. Commander et essayer sont devenus des divertissements, il y a comme une envie de vivre une expérience. La mode est devenue le moyen de montrer qui on est, montrer qu’on est unique, mais le style vestimentaire va bien au-delà de cela. La mode va nous permettre de nous intégrer dans la société, elle devient "l'outil de promotion de soi”. Cette image de soi prend énormément d’ampleur d’autant plus avec les réseaux sociaux. C’est ce qui nous mène au phénomène de fast fashion, des achats compulsifs : on aime, on achète, pour finalement le porter qu’une seule fois et le jeter.
L’amie de Maëlle ne l’exprime que trop bien : “ si je suis bien habillée je passe une bonne journée “. Avoir une nouvelle garde robe, la renouveler le plus souvent possible est devenu essentiel.
Et la prise de conscience dans la mode ?
Le monde n’est pas dupe, il commence même à ouvrir grand les yeux. Et les chiffres parlent d’eux mêmes : un marché qui atteint les 1500 milliards d’euros de chiffre d'affaire sans compter l’industrie du textile qui produit 10% des émissions de gaz à effet de serre.
Aucun jeune ne dira qu’il n’est pas engagé dans l’environnement, ils veulent vraiment sauver la planète pourtant leurs actions ne sont pas en accord avec ce principe. Le confort dans lequel nous vivons sans se poser de questions est possible grâce à des personnes qui souffrent à l’autre bout du monde. Et oui, pour bouger les choses il faut se bouger aussi...
La fast fashion est devenu le “Nouvel ennemi à abattre”, il y a une réelle prise de conscience et de nouveaux militants apparaissent. Parlons d’Alma, c’est une militante engagée qui veut faire bouger les choses dans la mode, qui se préoccupe réellement de l’impact environnemental. Elle cultive la sobriété et le minimalisme, elle achète des fringues d’occasion afin de limiter la production de nouveaux vêtements… Alma fait même bien plus que ça. Elle va à la recherche d’affiches publicitaires afin de les retirer et les modifier avec des messages forts qui permettront de sensibiliser les passants.
Elle va encore plus loin, en allant défiler avec de grandes pancartes durant le défilé Louis Vuitton. Elle n’a pas peur de parler et de prouver à tous que si nous ne prenons pas conscience, les choses ne feront qu’empirer. Elle pense évidemment à l'environnement mais aussi et surtout à la condition humaine, le secteur du textile maltraite les travailleurs, dans certains pays nous pouvons même parler d'esclavagisme. Pensons aux scandales des ouïghours avec H&M, ils étaient sous payés, maltraités et torturés. Cet évènement a fait le tour de la planète et a touché un grand nombre. En effet, ces derniers temps les géants de la mode comme Zara, H&M, Nike ou encore Shein sont attaqués pourtant ils ne cessent de nier en bloc.
S’en est assez !
De nombreux mouvements émergent et les jeunes sont de plus en plus engagés. Les acteurs, chanteurs et influenceurs montrent leur engagement, comme la youtubeuse Enjoy Phoenix. Elle faisait partie de la fast fashion sans même s'en rendre compte, elle achetait sans compter et incitait ses followers à en faire de même. Mais elle a eu une prise de conscience et elle transmet ça à ses followers. Il est impératif d’utiliser à bon escient son influence. N’oublions pas que le changement doit aussi venir de plus haut, les politiques devraient agir afin de créer des restrictions au niveau de la mode, il en est de même des grandes marques.
Comment combiner style et écologie ?
Vous voulez être tendance et stylé, c’est évident. Mohamed, jeune styliste, le comprend et nous prouve que c’est possible, tout en respectant l’environnement et la condition humaine. Laissez-vous tenter par les friperies, vous voulez un style voir des styles uniques, quoi de mieux que des fripes. En effet, 80% de sa garde robe est constituée de vêtements de seconde main. D’après lui, il faut être stylé pour soi et pas pour les autres… et il a bien raison.
Il fait partie du projet “Anti fashion", il forme des jeunes à une mode éthique. Mohamed veut lancer sa propre marque qui serait éco-responsable et stylée. Il est de cette génération qui ouvre les yeux et qui réalise que chaque achat a un impact. Il veut être impliqué dans la mode de la récup, l’upcycling est son mot d’ordre, prendre de l’ancien pour créer du nouveau.
Homère a voulu vous partager ce reportage de Martin Weill qui est engagé et révélateur des impacts de la fast fashion. L'environnement et la condition humaine sont primordiaux et devraient être au centre de toutes les décisions.